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Première partie

(Texte de Guy Pignolet)

    Une chance exceptionnelle !

     Jeannick Séry, un jeune lycéen habitant de Grand Bassin, s'est envolé de Roissy le samedi 29 juillet 2000 à 21 heures 25, sur le vol de la Japan Air Line pour un séjour scientifique, exceptionnel à de nombreux titres...

     Au commencement de l'année 2000, Thomas Egli, un organisateur d'activités scientifiques du réseau Horizon Consulting - il participe régulièrement Journées Internationales sur l'Education, la Communication et la Culture Scientifiques et Industrielles de Chamonix, et il est lié aux délégations ANSTJ de la Côte d'Azur - annonce qu'il met sur pied un séjour scientifique tout-à-fait extraordinaire, au bord d'un lac dans le nord du Japon, pour 15 jeunes français et 15 jeunes japonais particulièrement motivés, sur les thèmes choisis du volcanisme, de la bio-diversité et des énergies nouvelles...

     En mars 2000, deux des étudiants japonais qui ont participé à la construction du démonstrateur SPS-2000, sont venus à La Réunion pour étudier le projet TESF de Grand Bassin, et c'est à Grand Bassin même, le dimanche 12 mars, qu'ils ont rencontré Jeannick Séry. Ce jour là, nous avons parlé du stage scientifique au Japon pour le mois d'août 2000, et Jeannick n'a pas eu besoin qu'on lui explique deux fois pour dire qu'il était intéressé...

     A partir de là, nous avons commencé des démarches pour inscrire Jeannick et pour trouver les moyens de financer son séjour. La chance a voulu que Jeannick, l'un des rares jeunes de Grand Bassin, soit retenu parmi les 15 jeunes français qui vont vivre cette aventure exceptionnelle, et la solidarité humaine a permis que le côté financier ne soit pas un problème...

    25 jours d'un programme unique !

     Avec ses camarades français et japonais, et grâce à la participation de six interprètes, de leur âge, qui faciliteront une communication qui autrement aurait pu être difficile, Jeannick va s'intégrer dans l'un des trois groupe d'études proposés. Il a tout naturellement choisi les énergies nouvelles, Grand Bassin oblige...

     L'équipe française, forte de son expérience culturelle de plus de 30 ans, a proposé les techniques d'approches pédagogiques en sciences dans chacun des trois domaines explorés cette année. L'équipe japonaise, quant à elle, met à disposition sa connaissance du terrain et de l'histoire scientifique de son pays. C'est ensuite sur le terrain, au jour le jour, dans le cadre d'une analyse rythmée quotidiennement par les réunions de bilan et d'organisation que vont se construire une pratique et un savoir communs aux deux pays...

     Les trois premiers jours seront consacrés au voyage, en avion de Paris à Tokyo, puis en bus depuis Tokyo jusqu'au parc naturel de Towada, dans le nord de l'île principale du Japon, Honshu et enfin à la découverte des lieux avec une cérémonie d'accueil officielle. Pendant les jours suivant, dans une première phase de travail, les jeunes se sensibiliseront sur leur domaine d'étude en visitant des sites alentours et en rencontrant les acteurs locaux du domaine...

      A la fin de leur première semaine, ils pourront assister au Festival d'été de Kosaka. La deuxième semaine sera consacrée à une expédition sur le terrain, avec installation d'un camp de base, et départs des sous-groupes pour la prise de données, d'échantillons... Après trois jours de farniente probablement mérités, les jeune scientifiques analyseront les résultats et les mesures issues de l'expédition, ils feront un travail de recherche sur les résultats et des visites complémentaires...

     Enfin, ils se prépareront à restituer leur acquis en réalisant une exposition à laquelle assisteront un certain nombre de scientifiques extérieurs invités...

    Et puis ce sera le départ, des séparations peut-être difficiles, après une telle expérience en commun, et le retour à la maison, après une journée de visite de Tokyo. Jeannick Séry reviendra à La Réunion le jeudi 24 août 2000...

    Des parrainages efficaces ...

    Cette opération, qui va permettre à Jeannick Séry de vivre une aventure éducative et personnelle très exceptionnelle, a pu être réalisée grâce aux initiatives et aux efforts de la petite communauté scientifique réunionnaise...

     Après la mise initiale, faite par l'association Grand Bassin TESF et l'ingénieur du CNES Guy Pignolet (grâce à la dotation qu'il a reçue à Princeton de la fondation FINDS en 1999), ce qui a permis d'assurer la place de Jeannick dans cette aventure d'exception, ce sont les participations de l'ORESSE, du Fonds Social Lycéen du Lycée Boisjoly Potier, de la Commune du Tampon, et finalement toutes celles d'un grand nombre de visiteurs d'Exposcience Réunion 2000 qui ont permis de boucler proprement le budget nécessaire...

     Au niveau de l'organisation générale, ce projet de camp scientifique au Japon a reçu de nombreux soutiens institutionnels français et japonais qui ont permis sa réalisation. Son Excellence l'Ambassadeur de France au Japon, sur une proposition du Laboratoire Inter-Universitaire de Recherche en Enseignement Scientifique et Technique, le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, le Ministère de la Jeunesse et des Sports, la Japan Air Lines, Spot Image, et le Musée National d'Histoire Naturelle sponsorisent la partie française. La Mairie de Kosaka et la Préfecture de Akita au Nord de Honshu, au Japon, sponsorisent la partie japonaise du projet...

     Chaque jour, à partir du 1er août, et jusqu'au 18 août, jour de l'exposition finale, un message d'information trilingue, sera directement réalisé à chaque fois par deux jeunes, chacun d'une culture différente, avec des liens Internet vers l'image du jour qu'ils auront concoctée...

    Escale à Paris...

    En fait, Jeannick Séry a quitté La Réunion depuis le mercredi 26 juillet 2000, et en attendant le départ pour le Japon avec ses jeunes camarades du reste de la France, il a pleinement profité de ses deux jours et demi dans la belle ville que symbolise la tour de l'ingénieur Gustave Eiffel. Jeannick, brillant coureur de montagne, a su immédiatement se repérer et se déplacer dans Paris, qu'il visitait pour la première fois...

     Jeannick en a profité, guidé par Guy Pignolet, pour satisfaire son goût pour la science, en visitant à deux reprises le Palais de la Découverte. Il a aussi pris plaisir à la découverte traditionnelle de la capitale avec vue panoramique depuis le sommet de l'Arc de Triomphe et une croisière sur les bateaux parisiens. Et, entre deux promenades, il a pris le temps d'assembler quelques dizaines de livrets explicatifs sur le TESF, les SPS et le projet de Grand Bassin, en langue française et en japonais, pour en faire profiter les autres participants de la splendide aventure du camp scientifique au Japon...

Deuxième partie

(Texte de Jeannick Séry)

jeannick.sery@grandbassin.net

    Premières impressions...

    Départ de Roissy le samedi 29 à 20h55. Arrivée à l'aéroport au Japon à environ 16h00. En fait, lorsqu'il est 1h00 de l'après-midi à La Réunion, il est 6h00 au Japon, il fait presque nuit. De l'aéroport jusqu'à Kosaka, où nous nous sommes finalement arrêtés, il nous a fallu faire encore 10 heures de bus, jusqu'à 3h00 du matin.

    Le jour est arrivé de bonne heure, à environ 5h00. Le paysage est similaire à celui de La Réunion, avec des grands fûts de cryptomeria, bambou, etc. Il y a beaucoup d'insectes dans l'air (libellules, moustiques, taons, etc.,). Il fait chaud, mais c'est très supportable. Yamanoié, la maison où l'on vit, est grande, elle se trouve près d'un lac, il y a également de belles montagnes.

    L'après-midi, il y a eu une petite cérémonie d'ouverture, le maire de Kosaka et d'autres personnes qui ont soutenu le projet étaient également présents. Chaque membre a pu faire un petit discours qui avait pour objectif de donner le "coup d'envoi" de nos opérations scientifiques (géologie, énergie, biodiversité), menées par chaque animateur.

    Mardi 1er août, je me suis levé plutôt de bonne heure, je suis allé près du lac, un lac très grand, très beau à regarder, par son intensité et sa beauté. J'ai pu voir le reflet des branches sur l'eau, très impressionnant. Le plus important de ce que j'ai aussi pu remarquer ce matin, c'est un bassin avec des truites. Cela me fait penser à La Réunion, plus précisément là où j'habite, avec une nature présente partout, de belles montagnes.

    Puis on est allé au gymnase, à l'école qui nous accueille pour nos travaux, on a formé nos groupes, en faisant des petits jeux ( j'aurais souhaité faire partie du groupe énergies, mais pour des raisons d'équilibre des groupes, je me suis retrouvé en vulcanologie..). On nous a expliqué que Kosaka était une ville minière petite mais assez importante. On a appris beaucoup de détails sur le lac, un ancien volcan, avec plus de 370 mètres de profondeur. Le soir, on a pris un bain, puis on s'est retrouvé dans une salle avec Français et Japonais pour discuter, on a eu des informations, ensuite on a fait des jeux. Il y a un courant très positif qui passe, ceci est très agréable, ce qui facilitera plutôt le séjour. Je pense aussi beaucoup à mes parents, des fois, je réfléchis et je me dis que j'ai beaucoup de chance, c'est une expérience qui sera inoubliable...

    Etude du volcanisme...

    Dès le mercredi 2 août, on s'est retrouvé entre Français et Japonais, et on a discuté. Les animateurs japonais ont pris toute la matinée pour nous proposer 7 types de jeux. On a déjeuné vers 12h00, puis l'après-midi, on a repris nos activités dans les groupes, il fallait reconstituer la carte du monde il y a 250 millions d'années. Pendant cet exercice, on a appris le système de la tectonique des plaques.

    Le vendredi 4 août, on a fait une expérience sur la subduction, qu'il a fallu recommencer, et on a du faire un schéma pour la représenter. On a déjeuné, puis on a repris cette expérience, qui a été filmée. Plus tard, on a eu la présence de la chaîne nationale de télévision NHK, de Tokyo, qui a effectué un reportage sur le camp...

    Deux semaines plus tard, le vendredi 18 août, nous avons eu une journée d'exposition. Comme cela devait être parfait, on a dû, avec tout le groupe, donner un peu du sien. On a vérifié toutes les expériences qui devaient être exposées, on a tout mis en place, et chaque groupe a préparé l'exposé de son activité. L'expo a duré de 14h00 jusqu'à 15h30. Il y a eu la présence du maire de Kosaka et d'autres personnalités qui ont contribué à cette aventure, que ce soit du côté japonais ou du côté français.

    Le soir, il y a eu une petite soirée brochettes après notre visite au théâtre (théâtre traditionnel japonais qui a duré une heure), une soirée très réussie, avec la présence du maire de Kosaka. On a eu aussi une démonstration de tambour par l'une des animatrices japonaises et son groupe, on a pu essayer aussi, mais il faut avoir le rythme dans la peau. Cette soirée brochettes était la dernière dans cette ville qui nous a si bien accueilli.

    Le choc des cultures...

    Au Japon, on roule à gauche, et pour entrer dans la maison il faut enlever ses chaussures et les mettre au pied de la porte.

    Dès le lundi 7 août, on a eu une séance de tissage d'osier avec un club de 3ème âge. Puis on a assisté à la fabrication du mocki (pâte à base de riz). On a eu des visites de musées, des rencontres avec des lycéens, et une excursion dans le parc national de Hachimantai

    Pendant le séjour, on a fait du sport, on a été invité à un barbecue chez le maire, on est allé une journée à Kosaka, dans des familles chez qui nous avons dormi une nuit, et nous avons fait la fête, une belle fête avec plein de couleurs, etc..

    Très intéressant, mais on voit bien un décalage entre les Japonais et les Français, une différence plutôt visible à la fois dans le langage (c'est-à-dire lors d'explications d'une expérience, par exemple) et dans la vie quotidienne, que ce soit du côté des Japonais ou de Français, où l'on constate une sorte de gêne. Ceci doit se ressentir, car il y a bien eu une réelle communication entre les deux parties, mais elle était peut-être un peu trop superficielle. Par contre, je vois que dans le groupe des 15 Français, il y a une bonne entente, et même s'il y a quelques différences entre les uns et les autres, on s'est déjà fait des copains et je pense que la connaissance que nous avons les uns des autres va encore s'approfondir.

    Suite... à La Réunion ?

    Le jour du départ de Kosaka, Japonais et Français se sont dit au revoir, tout le monde était un peu triste de laisser cette belle ambiance qui s'était dégagée lors du séjour. On est resté deux jours à Tokyo, on a vu des trucs de fou de ouf, comme les écrans géants sur les immeubles... Mardi 22 août, on a pris l'avion à l'aéroport de Narita, pour Paris et La Réunion, avec une escale d'une journée à Paris.

    Lorsque je suis arrivé à La Réunion le jeudi, après avoir pris mes bagages, je suis sorti dans le hall où j'ai retrouvé ma mère, qui a mis un moment à me reconnaître avec mon foulard japonais. J'ai eu la visite de RFO Réunion, qui m'a interviewé sur mon séjour...

    Quinze jours après mon arrivée, je pense encore à ces instants inoubliables. Malgré une difficulté de communication par le biais du langage, Japonais et Français ont quant même ressenti les mêmes émotions durant le séjour. Je me rends compte que ce séjour était quelque chose de fantastique. Il y avait une bonne entente au sein du groupe, on a appris à se connaître. Je pense aussi qu'il y a eu un mélange de cultures, moi Réunionnais, les autres Français, et aussi les Japonais. Tout ce que l'on a ressenti durant cette aventure a été dû à ce mélange, tout le monde était curieux de savoir ce que les uns et les autres pensaient.

    Aujourd'hui encore, je vois tout ce qu'on a fait défiler comme événements, comme si j'étais encore au Japon. J'ai appris énormément de choses, qui ne s'oublient jamais, des choses peut-être très simples, mais qu'on n'avait pas l'habitude de maîtriser. Ce sont en fait des petites leçons morales, et aussi d'autres choses très importantes, qui m'ont vraiment touché. C'était quelque chose de très réussi, avec des animateurs exceptionnels. On a passé un séjour inoubliable qui restera marqué à jamais au fond de tout le monde. ..

    Enfin, j'aimerais bien devenir un jour ingénieur...

    ... et j'aimerais bien aussi que le prochain camp scientifique franco-japonais se déroule à La Réunion...

1 - Jeannick Séry
devant l'entrée du Lycée
Boisjoly Potier, au Tampon

2 - En mars 2000, Jeannick,
chez lui à Grand Bassin
avec les étudiants japonais
Kimiko Kimata et Kazu Shimizu

3 - Jeannick avec ses parents
devant sa maison de Bois Court,
prêt à partir pour la grande
aventure scientifique au Japon

4 - La photo du départ, devant
la Mairie de la Plaine des Cafres,
avec Sandra Lauret,
responsable du Tourisme

5 - Au centre de Paris, devant
le cadran solaire à fibres optiques
du Jardin des Halles

6 - Le plaisir de déguster
une coupe de glace Chantilly,
sur les Champs Elysées

7 - au Palais de la Découverte
pendant les spectaculaires
expériences d'électrostatique

8 - Jeannick en bateau sur la Seine,
au passage devant la Tour Eiffel

9 - Enregistrement à l'aéroport
Charles de Gaulle avant le départ
au Japon avec la compagnie JAL

10 - A la maison de Yamanoié,
les équipes du camp scientifique
franco-japonais

11 - Sur les bords du lac Towada,
les six jeunes français de l'équipe
de recherche en vulcanologie

12 - Préparation de l'expérience
de démonstration du phénomène
de subduction des continents

13 - Présentation des travaux
devant les officiels français
et japonais

14 - Le copieux petit déjeuner,
dans la tradition du Japon..

15 - Interview de Jeannick Séry
par une équipe régionale
de la télévision japonaise

16 - Jeannick Séry en compagnie
du maire de de Kosawa :
des plans pour 2001 ?

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